Mariés au premier
regard :
Une arnaque à
« l’engagement » ?
Ce billet n’as pas pour but d’être le plus scientifique possible. Ce
blog, je l’ai laissé un peu tomber par manque de temps (et beaucoup par flemme)
et du coup, si je publie ce billet, c’est parce que j’ai besoin d’une base
stable (pas comme les statuts fb qui tombent dans l’oubli) pour publier quelque
chose qui me démange depuis un moment. De plus, je devais faire vite, c’est une
réaction à chaud ou je dis que l’émission sera diffusé demain soir, si je le publie
dans trois jours, ce sera ballot. De plus c’est un billet détente, c’est plus
une réaction qu’un billet à valeur didactique. Je vais expliquer un minimum les
choses, mais pas dans les détails et ce sera pour le coup peu sourcé, et
surtout je me laisse un peu plus de liberté au niveau langage. En revanche, je
le rééditerai au fur et à mesure de mes lectures pour le rendre plus rigoureux. Le deuxième article ici
Demain soir, sur M6, sera diffusé une
émission : « Mariés au premier regard ». Le concept de
l’émission est simple : proposé à des candidats, testés sur le plan
psychologique, physique et du mode d’expression (selon des tests qui
apparemment ne sont pas normé, on aura l’occasion d’en reparler dans un autre
billet) d’être mis en couple. Cela pour démontrer l’efficacité de la science à
mesurer la compatibilité amoureuse et donc à trouver à chacun l’âme-sœur. A
noter que l’émission est tirée de la version américaine « Married at first
sight »
La première étape de cette
émission : un mariage civile. Apparemment cela éviterait au couple de
casser à la première dispute. Cela peut paraître limite, déjà les militant de
Civitas partaient presqu’en guerre pour lutter contre le maraige gay, sous
pretexte que le mariage est un engagement sérieux, etc… Mais là, un mariage
comme première rencontre ? Ils vont être plus hérissés qu’un porc-épic
sous Redbull (et non je n’ai jamais vu de porc-épic sous Redbull). Quoique,
aucun couple gay n’est prévu à la première saison. Mais peut-être pour l’année
prochaine, pour la deuxième saison. Stéphane Edouard, anciennement Spike sur
spikeséduction.com, grand gourou français du coaching en séduction en France et
« sociologue par la démocratie » (vous croyez que si je fais
accroître le nombre de commentaires de satisfaction sur un blog l’Etat me
donnera mon « titre démocratique de psychologue » avec un
« droit démocratique d’exercer » ?) assure que ce n’est pas
exclu d’intégrer des couples gays. Alors ? Les locaux de M6 envahis par
une horde de militants Civitas et de la Manif pour tous enragé pour 2017 ?
Je ne sais pas vous, mais j’ai hâte de voir ça, « pour la marade »
Je ne traiterai pas de l’aspect
moral et éthique de la chose, mais plutôt de l’aspect méthodologique. En effet,
M6 nous as vendu cette émission comme une « expérience e psychologie
sociale » : Youhou ! Faites péter le champagne ! De la psychologie
sociale à la télé !!! Sauf que, nous allons voir que leur expérience, elle
a déjà l’aile plombée au départ par un biais gros comme un menton de Bogdanoff
(si si, au moins aussi grand).
L‘engagement, pas le mariage,
mais la théorie de l’engagement (qui regroupe plusieurs façon d’obtenir l’implication
d’un sujet, mais aussi plusieurs façon d’expliquer ladite théorie). La base de
cette théorie, c’est que le comportement affecte nos attitudes (ici définit
comme ensemble de pensées, croyances et réaction affectives à quelque chose).
En gros, vous faîtes un premier pas, et si quelque chose dans le même genre
vous est demandé, vous avez plus de chance d’accepter que sans le premier pas.
L’engagement peut être obtenu en
jouant sur différent facteur :
1)
Publicisation : Le fait de rendre public
une décision, ou de faire quelque chose sous les yeux d’autrui.
2)
Répétition : plus on répète un acte, plus
on a de chance de le refaire
3)
Irréversibilité : Plus on a l’impression d’avoir
atteint un point de non-retour, plus on à de chance de continuer quelque chose
4)
Coût : cela joue beaucoup sur deux
technique très populaire, le pied-dans-la-porte (on demande une petite chose
pour augmenter la probabilité que le sujet accepte de faire des choses plus
coûteuses) et la porte dans le nez (on demande au sujet quelque chose de
coûteux, généralement en s’attendant à ce que ce soit refuser, puis on demande
quelque chose de plus modeste, que le sujet acceptera probablement pour ne pas
avoir à refuser deux fois de suite et de donner l’air d’être fermé).
5)
Le sentiment de liberté : le sujet acceptera
plus facilement quelque chose s’il a l’impression de le faire de lui-même que s’il
s’y sent contraint.
Là comme ça, le fait d’accepter d’entrée de jeu quelque
chose de relativement coûteux (un mariage civil, même avec un divorce pouvant s’obtenir
sommes toute très facilement, les candidats vont probablement pas trouver que « c’est
rien »), allègrement publiciser (diffusion télé) et qui à plus de chances
d’être perçu comme irréversible (ok, y a le divorce, mais à cause de la publicisation
donc de la célébrité, du fait que sur leurs états civils leur mariage sera
enregistrer à vie, ça donne vachement un goût d’irréversibilité à la chose,
vous trouvez pas ?) ben l’engagement matrimoniale il à un sale
arrière-goût d’engagement psychologique.
Question : comment on
mesure la capacité de tests à mesurer la compatibilité amoureuse et à fortiori
la possibilité de faire rencontrer une âme-sœur si dans l’expérience en
question y a un gros biais expérimentale comme un mariage ? Est-ce-que les
candidats risquent pas justement de se dire « au point où on en est,
autant continuer et se montrer bonne pâte au maximum » ? Voir à se
dire « et puis si ça se passe comme ça, peut-être que c’est finalement
parce que je suis avec la bonne personne, et que si y a des problèmes c’est que
je ne fais pas assez d’effort ? »
Ce qui
nous amène à un deuxième phénomène très populaire lui aussi : la
dissonance cognitive de Festinger. On peut la résumer comme suit : on est
amené à faire quelque chose contre nos principes et nos croyances ou donnant un
résultat contredisant nos croyances, on se sent pas très bien donc du coup il
nous faut trouver une solution. On peut rationaliser : « je n’étais
pas moi-même », « c’était juste une expérience », « c’était
rien ». Ou alors on peut modifier ce qui est dissonant : changer de
comportement (« je ferai plus jamais ça ») ou d’attitude (« ah
ben zut alors, j’avais peut-être tort »).
Question : S’engager
(psychologiquement et maritalement) sur la base de tests censés être
scientifiques et montrer par A + B que l’on est fait l’un pour l’autre, n’est-ce
pas affreusement dissonant avec les possibles envies de tout plaquer ? Et
puis on peut douter de soi, mais douter de trois « experts » c’est
déjà plus difficile ? Ca n’orienterait pas légèrement le choix de stratégies
pour réduire la dissonance cognitive tout ça ? Genre en faveur d’un
engagement plus profond ?
Conclusion : j’ai vu
beaucoup de réactions s’indignant contre le sexisme de l’intervenant star de l’émission
(Stéphane Edouard, le « sociologue du couple ») et contre le concept.
Personnellement, je n’adhère pas non plus des masses, mais le fais qu’on vende
ce produit comme une « expérience de psychologie sociale » me dérange pas mal. La psychologie à déjà du
mal à être considérée (en France en tout cas) comme une science et récupère
parfois une sale image. Du coup je vais regarder les émissions et faire une
série de billets consacrés aux biais que je constate.
Références :
Références :
Voir ce site (sur lequel j’ai pas mal pompé, j’avoue) :
http://www.psychologie-sociale.com/
Sinon ces livres :
-
Cialdini, R. B. Influence et Persuasion
-
Joule, R-.B. et Beauvois, J-.L. Petit traité de
manipulation l’usage des honnêtes gens
à bientôt pour la suite!
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