Vous êtes sûrement déjà tombez sur des gros titres d'articles ou des billets expliquant que l'on serait plus heureux en payant pour de nouvelles expériences plutôt que pour achetez des objets. Et intuitivement on a envie d'être d'accord avec cette conclusion. Un voyage en Italie, un resto entre copain, un cinéma avec sa compagne, les occasions d'avoir de bon souvenirs ne manquent pas. En plus des études le montrent, qu'est ce qui pourrait clocher ?
Les études justement. La première étude sur le sujet consistait en deux sondage et une série d'expériences en laboratoire sur la joie anticipée en achetant un bien matériel ou une expérience (Van Boven & Gilovich, 2003). La positivité des souvenirs liées aux expériences était légèrement supérieure. Depuis ces résultats ont été répliqués (Kumar et al., 2020).
Le problème de ces expériences, est qu'elle se fondent sur des impressions et souvenirs. Or les souvenirs d'expériences et d'achats matériels ne sont pas traités de la même manière : les achats matériels rendent plus salients (ou font plus ressortir) les choix écartés (étude 1) ; les biens matériels sont achetés dans une optique de maximisation du choix alors que les expériences le sont dans une optique d'atteindre un seuil de satisfaction (étude2) ; que les biens matériel non acquis sont plus examinés que les expériences non vécues (étude 3) et que les comparaisons sont plus salientes et mitigent plus le jugement de satisfaction dû à un bien matériel (étude 4 et 5) (Carter & Gilovich, 2010).
En sommes, les biens matériels ont des qualités concrètes, plus facilement comparables, et souffrent bien plus de la comparaison. Dans le cas où l'objectif de maximisation serait atteint, probablement que le bien matériel pourrait offrir pleine satisfaction.
Qui plus est, c'est oublier que les biens matériels peuvent être eux aussi l'occasion d'expériences positives, souvent répétable (matériel de sport ou instrument de musique par exemple) bien que les auteurs ayant introduit cette idée, fassent encore la différences entre biens « expérientiel » et biens purement matériel (Guevarra & Howell, 2015).
Pour enfoncer le clou, rajoutons que le profil de l'acheteur à un impact, il existerait au moins une distinction entre l'acheteur matériel pour qui l'achat de bien représente la même expression de l'identité que les achats « expérientiels » des acheteurs « expérientiels » pour qui ce n'est pas le cas (Zhang et al., 2014).
Bien sur, il ne s'agit que de quelques études, et il en faudrait bien d'autres pour pouvoir tirer des conclusions définitives. Mais au minimum sur le plan théorique et méthodologique, on voit pourquoi le fait de favoriser l'achat d'expériences comme une sorte de panacée convenant à tout le monde pourrait être une erreur.
Au final, si vous deviez en retenir quelque chose
Notez ce qui vous rends heureux, et si les biens matériels en font partie, pas la peine de les supprimer à jamais de votre budget (sauf si vous ne pouvez pas vous le permettre).
S'il s'agit de quelque chose en lien avec une passion, ou qui vous facilite la vie, probablement que c'est un type d'achat qui vous satisfera (bien « expérientiel »).
Enfin, cela n'est pas particulièrement abordé dans les études, mais une définition du bien-être subjectif est une balance favorisant fortement les états affectifs positifs par rapport aux états affectifs négatifs (Diener et al., 1999). Ainsi, augmenter son niveau de bien-être peu aussi consister à enlever ce qui nous peine, nous entrave. Certain achats procurant du confort, ou permettant de gagner du temps (lave-vaisselle) ou facilitant certaine tâche (imprimante/scanner pour l'administratif) ne font pas partie des achats qui donnent envie, et pourtant, se faciliter la vie et contourner des difficultés participe d'une vie appréciable.
Carter, T. J., & Gilovich, T. (2010). The relative relativity of material and experiential purchases. Journal of Personality and Social Psychology, 98, 146 159. https://doi.org/10.1037/a0017145
Diener, E., Suh, E. M., Lucas, R. E., & Smith, H. L. (1999). Subjective well-being : Three decades of progress. Psychological bulletin, 125(2), 276.
Guevarra, D. A., & Howell, R. T. (2015). To have in order to do : Exploring the effects of consuming experiential products on well-being. Journal of Consumer Psychology, 25(1), 28 41. https://doi.org/10.1016/j.jcps.2014.06.006
Kumar, A., Killingsworth, M. A., & Gilovich, T. (2020). Spending on doing promotes more moment-to-moment happiness than spending on having. Journal of Experimental Social Psychology, 88, 103971. https://doi.org/10.1016/j.jesp.2020.103971
Van Boven, L., & Gilovich, T. (2003). To do or to have? That is the question. Journal of Personality and Social Psychology, 85(6), 1193 1202. https://doi.org/10.1037/0022-3514.85.6.1193
Zhang, J. W., Howell, R. T., Caprariello, P. A., & Guevarra, D. A. (2014). Damned if they do, damned if they don’t : Material buyers are not happier from material or experiential consumption. Journal of Research in Personality, 50, 71 83. https://doi.org/10.1016/j.jrp.2014.03.007
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